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Loin du marketing

vendredi 20 août 2021, par Gérard Lambert - Ullmann

Prix
Loin du marketing
Treizième édition

Comme son nom l’indique, le prix Loin du marketing est voué à honorer un écrivain dont les éditeurs n’ont pas les moyens de se payer placards en chêne dans la presse pipeule, attachées de presse aux jolies menottes, cocktails aux tam-tams et diners de connivence, renvois d’ascenseurs et de monte-charges, et, donc, ont peu de chances de voir leurs livres chroniqués dans les médias, et moins encore d’être invités par les bonimenteurs des radios et télés, pas plus que d’intéresser la plupart des libraires l’œil scotché sur le compteur des « meilleures ventes » et contraints de « faire du chiffre » pour payer le loyer.

Le prix Loin du marketing est donc voué à honorer un écrivain qui n’a pas bénéficié des stratégies conçues pour que ça marche et qui ne peut compter que sur la qualité de ses écrits pour qu’on s’y intéresse.

Le prix Loin du marketing sera décerné chaque année le 15 août pendant le sommeil des commerciaux.

Le prix Loin du marketing est un prix strictement honorifique. Son lauréat sera au mieux gratifié d’une bonne bouffe arrosée à sa convenance s’il s’aventure jusqu’à Saint Nazaire. Sa seule récompense sera de pouvoir dire : c’est moi qui l’ai mérité !

Le treizième prix Loin du marketing a été attribué le 15 août 2021
à Louis Dubost pour l’ensemble de son œuvre.

S’il en est un qui mérite un prix Loin du marketing c’est bien Louis Dubost. Editer pendant 35 ans, sous l’enseigne du Dé bleu puis de L’idée bleue, de la poésie et rien que de la poésie, et faire ainsi connaître bon nombre des plus belles plumes de la poésie contemporaine, dans une tranquille insouciance des sunlights médiatiques, c’était déjà admirable. Prendre soi même la plume pour régaler quelques curieux fouineurs en librairie d’une poésie joliment charpentée et d’une prose aussi solide qu’amusée, ça a été « le pompon ».

La pipe en gouvernail et le rire toujours prêt à jaillir de la poche, Louis Dubost a, toute sa vie et sous ses deux bonnets, jonglé avec les mots qui permettent « d’enjamber le monde en improvisant un jazz de cerises noires ». Indifférent aux oukases du marché autant qu’aux recettes du showbiz littéraire, il a tracé son sillon comme en son jardin potager soigneusement bichonné, au même rythme paisible et tenace que ces escargots qu’il aime tant parce qu’ils savent « mourir debout » (comme le notait le très sage Francis Blanche). Soutier costaud du rafiot poétique, il a permis à celui-ci de tenir le flot face aux déferlantes provoquées par les porte containers éditoriaux. Puis il a porté « de longs couteaux de tendresse » dans des livres aussi subtils que modestes, répondant ainsi à la question qu’en vieux philosophe il ne pouvait éviter de poser : « De quel bois chauffe t’on les rêves ? » Il a donc largement confirmé le constat admiratif du poète Jean Claude Touzeil : « Le Louidubo gagne à être connu ».*

Gérard Lambert-Ullmann

*Dans le livre rassemblant vingt poètes, publié en 2010 pour saluer ses 35 ans d’édition : Un éditeur… voilà ! Cadex éditions, collection Le farfadet bleu.

Bibliographie choisie (sélection parmi les 36 titres édités depuis 1966) :
L’Ile d’elle, Tarabuste.
La vie voilà, La Bartavelle.
L’évidence qui passe, Le Castor Astral.
Fine pluie mouche l’escargot, Le dé bleu.
Tu me libellules, L’idée bleue.
L’orgueil démesuré du soutier , Ficelle.
Lettre d’un éditeur de poésie à un poète en quête d’éditeur, Ginkgo.
On a mis Papy dans le coffre de la voiture, Le bruit des autres.
Tout ça à cause du cochon, Le petit rameur.
Diogène ou la tête entre les genoux, La mèche lente.

Les précédents prix Loin du marketing : Lionel Bourg (2009) Pierre Autin-Grenier (2010) Allain Glykos (2011) Françoise Moreau (2012) Cathie Barreau (2013) Jacques Josse (2014) Valérie Rouzeau (2015) Jean Claude Leroy (2016) François Thibaux (2017) Lucien Suel (2018), Antoine Choplin (2019) Hélène et Jean François (2020).